L’ayahuasca est un breuvage psychoactif originaire de l’Amazonie, où il est encore considéré comme un élément central des rituels de guérison dans les cultures indigènes de la région. Traditionnellement, c’est au Pérou, au Brésil, en Colombie et en Équateur que la consommation d’ayahuasca est la plus répandue. L’ayahuasca est également connue sous les noms de iowaska, natema, hoasca, daime, yagé ou yajé.
L’ayahuasca est considérée par de nombreuses populations indigènes à la fois comme un élément religieux sacré et comme un puissant médicament. Depuis des siècles, ces cultures l’utilisent à des fins médicinales pour traiter des affections physiques et mentales. Certaines études comparent l’utilisation de l’ayahuasca dans ces cérémonies religieuses à des conseils pastoraux ou à une thérapie.
À quoi ressemble l’expérience de l’ayahuasca ?
L’ayahuasca est un puissant purgatif, et presque chaque expérience de l’ayahuasca comprendra une forme de purge. La purge peut se manifester par des vomissements, de la diarrhée, des tremblements, de la transpiration, des pleurs, des rires, ou la libération d’un traumatisme émotionnel. L’expérience de l’ayahuasca varie considérablement d’une personne à l’autre, mais elle comprend souvent des sens exacerbés, des changements de perception et de vision, une profonde compréhension des émotions, la découverte de traumatismes refoulés et un fort sentiment de bien-être physique.
Brève histoire de l’ayahuasca
L’ayahuasca est utilisée dans les rituels indigènes et les cérémonies chamaniques depuis au moins 400 ans, voire depuis des millénaires. Le nom ayahuasca vient de la langue quechua, une langue dont on pense qu’elle est originaire de l’empire inca et qui est encore parlée aujourd’hui dans certaines régions d’Amérique du Sud. Le mot « aya » peut être interprété comme signifiant âme ou mort, tandis que « huasca » signifie corde ou liane. La traduction la plus courante de l’ayahuasca est donc « liane de l’âme », tandis que certains préfèrent la traduction « liane de la mort ». Cette dernière interprétation est significative du fait que de nombreuses expériences et visions de l’ayahuasca incluent souvent la mort de l’ego et ressemblent parfois étroitement à des expériences de mort imminente (EMI).
Sécurité de l’ayahuasca
L’ayahuasca est l’une des substances psychédéliques les plus puissantes, et plusieurs aspects de la sécurité doivent être pris en compte, notamment la sécurité physique, la sécurité psychologique et les risques d’abus.
Consultez le guide général de la sécurité psychédélique de Psychedelic Experience. Vous trouverez ci-dessous quelques considérations spécifiques à l’ayahuasca.
Sécurité physique
Les surdoses physiques d’ayahuasca pure, c’est-à-dire l’ayahuasca qui ne contient que banisteriopsis caapi (vigne ayahuasca) et une seule plante contenant du DMT, comme psychotria viridis (chacruna), sont relativement rares, mais se produisent parfois. Les surdoses peuvent entraîner une perte totale de conscience (blackout), une mobilité gravement réduite, de l’incontinence, des changements extrêmes de la pression sanguine, des palpitations cardiaques ou une crise cardiaque, et l’évanouissement. C’est pourquoi il est fortement recommandé de boire en compagnie d’un guide expérimenté qui connaît bien le dosage. Informez toujours votre guide à l’avance de tout problème de santé dont vous pourriez souffrir, y compris les médicaments, l’hypertension ou l’hypotension artérielle chronique et les problèmes cardiaques. Il n’est pas recommandé de boire seul.
Bien que les réactions négatives graves soient relativement rares, quelques cas de blessures et même de décès liés à l’ayahuasca ont été enregistrés ces dernières années. La plupart des cas connus de réactions négatives graves à l’ayahuasca impliquent des facteurs atténuants, notamment les scénarios suivants :
- Des ingrédients supplémentaires ont été ajoutés à l’infusion, tels que le tabac, le datura ou le toé (brugmansia).
- Des interactions se produisent avec d’autres médicaments, tels que les ISRS (antidépresseurs), entraînant un syndrome sérotoninergique. Pour une liste complète des médicaments à éviter, ainsi que des recommandations diététiques, cliquez ici.
- Les participants ont des problèmes de santé préexistants, tels que l’hypertension ou des problèmes cardiaques.
Sécurité psychologique
Comme tous les psychédéliques, l’ayahuasca peut déclencher des états d’esprit temporaires qui ressemblent à des psychoses. Chez certaines personnes vulnérables, cet état temporaire peut persister pendant une longue période, même après la fin de la cérémonie. L’ayahuasca pouvant déclencher une psychose, il est déconseillé aux personnes ayant des antécédents de schizophrénie ou de troubles bipolaires de boire de l’ayahuasca. Il convient de toujours divulguer ses antécédents personnels à l’animateur ou au guide.
Risque d’abus
Bien que de nombreux guides, animateurs, chamans et centres de retraite agissent en toute bonne foi et intégrité, des cas d’abus ont été signalés ces dernières années, y compris des abus sexuels pendant la cérémonie. Les participants, en particulier les femmes, doivent être conscients de cette possibilité et prendre les précautions qui s’imposent. Le Chacruna Institute for Psychedelic Plant Medicines a élaboré une excellente série de recommandations, dont les suivantes
- Se renseigner sur la réputation du guide/centre de retraite.
- Boire avec des amies expérimentées ou des couples expérimentés.
- Surveillez les signes d’intérêt sexuel, c’est-à-dire le flirt, les conversations à caractère sexuel, les attouchements.
- Sachez que les attouchements intimes, le retrait des vêtements et toutes les formes de contact sexuel lors de la cérémonie ne sont absolument PAS considérés comme des comportements « normaux » dans les traditions de l’ayahuasca.
- Protégez votre espace personnel, physiquement, psychologiquement et spirituellement.
- Soyez conscient des différences culturelles et respectez-les.
- Évitez tout contact sexuel avec des guides ou des chamans, y compris les relations sexuelles consensuelles en dehors de la cérémonie.
- Rappelez-vous que les chamans et les guides sont des êtres humains, pas des saints.
- Obtenir de l’aide en cas d’abus.
La liste complète des recommandations de l’Institut Chacruna est disponible ici.
Science de l’Ayahuasca
Comment l’Ayahuasca affecte-t-elle le corps et l’esprit ?
Selon la recherche, les principaux ingrédients de l’ayahuasca sont l’alcaloïde psychoactif DMT (N, N-diméthyltryptamine) et un inhibiteur de la monoamine oxydase (IMAO). Cette combinaison, lorsqu’elle est consommée, produit un état de conscience altéré. Le DMT est le composant hallucinogène et il s’agit d’une substance chimique relativement commune , présente en abondance dans de nombreuses plantes, mais aussi en petites quantités dans les fluides et les tissus humains.
Un demi-siècle de recherche n’a pas permis d’expliquer comment les hallucinogènes endogènes, comme le DMT, affectent l’organisme. On pense qu’il pourrait interagir avec un récepteur spécifique (le récepteur Sigma 1, ou Sig-1R). Ce récepteur est essentiel pour aider les tissus de l’organisme à résister au stress cellulaire et il est impliqué dans de nombreuses maladies, telles que le cancer, la dépression, la maladie de Parkinson, la toxicomanie et la démence.
L’interaction potentielle de la DMT avec ce récepteur Sig-1R ouvre un vaste champ d’applications scientifiques potentielles, et des recherches sont en cours pour déterminer si elle pourrait jouer un rôle dans le traitement d’une série de maladies. Étant donné que le Sig-1R améliore la survie des cellules en période de stress et aide à réguler les processus immunitaires, le DMT pourrait contribuer à stimuler les processus de protection cellulaire dans l’organisme.
Ces applications bénéfiques ont fait l’objet de nouvelles recherches, et le rôle des substances contenant du DMT, telles que l’ayahuasca, est exploré au-delà de l’étiquette de drogue hallucinogène. On envisage d’utiliser l’ayahuasca dans des thérapies médicales, d’autant plus que le DMT pourrait jouer un rôle dans des processus tels que la neuroprotection, la neurorégénération et l’immunité.
Effets physiques de l’Ayahuasca
L’Ayahuasca est un puissant purgatif. L’un des attributs les plus distinctifs de l’infusion est l’effet de « purge » sur le corps, qui peut se manifester de différentes manières selon les personnes, notamment par des vomissements, de la diarrhée, de la transpiration, des pleurs, des rires ou des tremblements. La purge est souvent suivie d’un puissant sentiment de bien-être et d’euphorie. Les sens physiques, tels que l’odorat et l’ouïe, sont souvent extrêmement aiguisés pendant l’expérience de l’ayahuasca.
Effets psychologiques de l’ayahuasca
Les effets psychologiques de l’ayahuasca sont très variés, mais comprennent des effets visuels colorés, des visions élaborées, des rencontres avec des animaux et/ou des « entités » d’un autre monde, ainsi qu’un état profond d’introspection et de conscience accrue. Les usagers perdent rarement connaissance, mais connaissent un état de conscience altéré lorsqu’ils sont sous l’influence de l’ayahuasca. Selon un rapport de Jonathan Hamill et de ses collègues, les effets psychologiques de la consommation d’ayahuasca commencent environ quarante minutes après l’ingestion, les effets subjectifs s’estompant après environ quatre heures.